La course Marseille – Nice et l’AVAN

La course Marseille-Nice, à l’initiative du Comité des fêtes de Nice qui voulait offrir à ses habitants ses premières manifestations sportives, débuta en 1897.

Le succès qui accueillit cette première édition autant que l’exploit réalisé par le vainqueur Marius Thé, qui, derrière entraîneur, mit moins de sept heures pour venir à bicyclette de Marseille à Nice, captivèrent la foule et imposèrent la réputation de la course.

L’A.V.A.N. prit en main l’organisation de la course à partir de 1919 et le succès ne cessa de s’accroitre au fil des ans.

INSTRUCTIONS AUX COUREURS

Les préliminaires de départ se dérouleront au siège de l’A.V.A. de Marseille, Café du Coq Glorieux, 5 boulevard Louis-Salvator.

  • Plombage des vélos, samedi, de 15h à 20h
  • Distribution des dossards, dimanche à partir de 5h30
  • Départ fictif à 6h45
  • Départ réel à 7h30

La course se court sous les règlements d e l’U.V.F., vélos plombés, changement de vélo, de roue et aide entre coureurs interdits

[…]

Les effets des coureurs seront transportés de Marseille à l’arrivée, moyennant la somme de 5 francs par coureur, par les soins et sous la responsabilité de l’A.V.A.N. qui allouera, en cas de perte, la somme de 100 francs.

Le ravitaillement de Draguignan, qui était assuré les années précédentes par « L’Éclaireur de Nice », est laissé, cette année, à l’initiative et à la charge des clubs ayant des coureurs engagés.

Les concurrents sont informés que, sous peine d’être mis hors course, la signature est obligatoire dans les contrôles fixes

Feuille de contrôle du Marseille-Nice 1921

L’arrivée au Vélodrome Pasteur : Tous les concurrents de Marseille-Nice arriveront sur la piste où ils effectueront deux tours et demi.
En cas d’arrivée de plus de cinq coureurs en peloton, il sera procédé à une course par élimination avec un coureur éliminé à chaque tour jusqu’à ce qu’il ne reste en course que trois coureurs qui disputeront le sprint final.

A chaque édition, l’affluence était énorme sur tout le parcours, non seulement dans les localités traversées, mais encore partout dans les campagnes.
Seul, le Tour de France pouvait susciter un pareil engouement. Et cet empressement du public démontre mieux que tout la sympathie que les populations éprouvaient pour ce « Derby routier régional ».

Le succès fut complet aussi auprès des coureurs qui accouraient de la région mais aussi de toute la France voire de l’étranger.

Nous entrons dans la phase décisive de la belle épreuve que nous offre, dimanche prochain, l’A.V.A.N.
Les derniers détails de l’organisation mis au point, ce sera en effet, dans moins de 48 heures, le signal de l’envolée qui va permettre à nos routiers de relier d’une seule traite, les deux grandes cités méditerranéennes.
La course s’annonce superbement disputée car d’autres coureurs de classe sont venus s’ajouter à ceux que nous avions déjà annoncés : Bajard de Charlieu ; Normand de Roannes ; Filliat de Bourg ; Crovesi et Caroscio de San Remo.
La journée d’hier nous valait en effet l’important engagement de Plantin. La présence de ce valeureux « Tour de France » sera d’un gros intérêt pour la course

AMENC EST INSCRIT

S’il est une nouvelle à laquelle les « sportsmen » ne s’attendaient pas, c’est la « résurection » sportive du populaire Noël. Celui qui fut longtemps, avec son ami Ferrara, le plus valeureux de nos représentants a estimé qu’il était encore trop jeune pour dormir sur des lauriers si chèrement glanés, et le sympathique Tour de France a voulu « remettre ça ». Il fera sa rentrée dimanche contre tous les as.

« L’Éclaireur de Nice et du Sud-Est – 27 septembre 1929 »

Dans les années 1910-1930 on retrouve très souvent tout en haut des classements, les noms de FERRARA, MORINI, AMENC, BROCCARDO, URAGO …

  • 1909 : La catégorie indépendante revint à Jean Novo, devant Ferrara, Alpini et Morini, tandis que dans la catégorie amateurs triomphait Lantilhac
  • 1910 : Une seule catégorie, dans laquelle Ferrara, prend le meilleur devant Morini et Alpini
  • 1911 : Novo renouvelle sa victoire de 1909, en réglant Ferrara et Amenc
  • 1918 : Le Marseillais Gabriel Jullien triomphe devant Paoli, Ardisson et Amenc
  • 1919 : L’Antibois Paoli règle au sprint le vétéran Novo, victime d’une chute, ainsi que Ferrara, 3ème. Amenc est 4ème
  • 1921 : Ferrara enlève l’épreuve pour la deuxième fois, devant Broccardo, Téobard et Amenc
  • 1922 : L’Avignonnais Tramier règle au sprint Broccardo, Seassau est 3ème, Binda 4ème et Ferrara 5ème
  • 1923 : C’est Binda qui l’enlève pour la première fois, en réglant dans I’ordre le marseillais Curtel, Broccardo, le Vauclusien Blaise et Urago
  • 1924 : Binda réédite sa victoire de l’année précédente devant le Marseillais Alibert, Urago, Di Lazzaro et Lantéri
  • 1925 : Victoire du Cannois Piccardo, qui bat dans l’ordre : Gras, Guiramand, Menta et Urago

« L’Éclaireur de Nice et du Sud-Est – samedi 28 septembre 1929 »

Affiche de Marseille-Nice du 16 septembre 1923

Henri FERRARA – Vainqueur Marseille-Nice 1910 et 1921

PAUL BROCCARDO – 2ème Marseille-Nice 1921 et 1922

Alfredo BINDA – Vainqueur Marseille-Nice 1924

Il faut dire que les coureurs étaient attirés non seulement par la notoriété et le succès de cette épreuve mais aussi par le nombre et la valeur des prix attribués.

Les prix : Au 1er, 1200 francs ; au 2ème, un vélo et 300 fr ; au 3ème, un vélo et 300 fr ; au 4ème, un vélo et 50 fr ; au 5ème, un vélo ; au 6ème, 400 fr ; au 7ème, 300 fr ; au 8ème, 250 fr ; au 9ème, 225 fr; au 10ème, 200 fr … du 26ème au 45ème, vingt autres prix en nature

DE NOUVEAUX PRIX

Nous avons indiqué hier parmi les derniers donateurs : M. Barnoin des Cycles Chemineau et M. Audoly, agent des Cycles et motos Alcyon qui ont offert un cadre ; M. Gino, Cycles Legnano, une paire de roues ; M. Galléan des Cycles La Française et M. Donatini des Cycles Donatini qui ont offert chacun une paire de boyaux.

Nous devons ajouter aujourd’hui que M. Roberty et M. Astier, constructeurs à Marseille des Cycles Régence, ont offert une magnifique paire de roues de course.

LA COUPE MARTINI-ROSSI

Ce magnifique objet d’art, d’une valeur de 3500 francs, offert par la Société française Martini-Rossi, sera attribué à la Société ayant ses 3 coureurs les mieux classés par addition de points.

Le palmarès de ce beau trophée s’établit à l’heure actuelle comme suit :

– 1926, 1er A.V.A. de Marseille ;

– 1927, 1er A.V.A.N. ;

– 1928, 1927, 1er A.V.A.N.

« L’Éclaireur de Nice et du Sud-Est – 27 septembre 1929 »

Demande d’autorisation de traversée de St Laurent du Var

Feuille de dépenses générales pour le Marseille-Nice 1936

Feuille de recettes générales pour le Marseille-Nice 1936

Feuille de classement pour le Marseille-Nice 1921

Bon pour un maillot signé par Honoré Stephanuccio
Marseille-Nice 1923

Lettre d’Albaladejo demandant ses prix – Marseille-Nice 1923

Lettre de Louis AIMAR : Engagement au Marseille-Nice 1933

Lettre de Louis AIMAR au sujet des prix gagné qu’il a gagné au Marseille-Nice 1929

L’arrivée du Marseille-Nice se faisait, dans les années 20, sur la piste du Vélodrome du Pont Magnan puis du Vélodrome Pasteur où les coureurs devaient effectuer au moins deux tours et demi de piste (voir règlement). Plus tard le final arrivait sur la Promenade des Anglais. Une réunion d’attente était organisée par les dirigeants de l’A.V.A.N. au cours de laquelle des coureurs régionaux, de façon individuelle ou par équipe, s’affrontaient sur des tours de piste ou de circuit.

Et pourtant cette arrivée de Marseille-Nice ne constituera qu’une partie d’un programme aussi important que judicieusement établi et qui mettra aux prises les meilleures équipes marseillaires, lyonnaises, niçoises et vauclusiennes.
L’empoignade de nos Monciero, Minardi, Baldin, Ferrato avec des adversaires qui les valent, ne peut se traduire que par une impitoyable partie de « bourre » tant dans le match commun que dans l’américaine.

« L’Éclaireur de Nice et du Sud-Est – 29 septembre 1929 »

Une épreuve comme Marseille-Nice se devait de se terminer dans un cadre digne d’elle.
Aussi, grâce à la sportivité de M. Jean Médecin, député-maire de Nice, au dévouement de la police d’État qui assurera le service d’ordre, la course aura comme point final le trottoir du quai des États Unis.
A cet effet, les dévoués dirigeants de l’A.V.A.N. ont fait aménager par la maison Martino et Musso, le trottoir compris entre la Jetée-Promenade et les Bains du BeauRivage, où seront disputées diverses épreuves d’une réunion d’attente réservées aux coureurs régionaux.

« L’Éclaireur de Nice et du Sud-Est – 26 septembre 1937 »

LA COURSE

La course a tenu tout ce qu’elle promettait. Après quelques algarades du début, la lutte s’engagea à fond vers Vidauban et fut, par la suite, conduite à une allure endiablée.
Avec un cœur et une volonté admirables, les coureurs se sont dépensés à fond pour s’assurer une victoire qui se refusa longtemps. Elle sourit à plusieurs à tour de rôle, pour revenir finalement au Marseillais Guiramand qui l’emporta de haute lutte.

Se débarrassant, dans la rampe qui conduit à Grasse, des trois coriaces adversaires qui avaient tenu jusque-là, il s’en alla tout seul vers le but, augmentant sans cesse son avance pour terminer, au Vélodrome, cinq minutes avant ses poursuivants directs. Déjà deuxième l’an dernier dans cette même course, battu au sprint seulement par Gras, Guiramand a remporté, hier, une magnifique victoire qui récompense la belle course fournie par ce consciencieux et sympathique routier. Malchanceux plus souvent qu’à son tour dans nos épreuves qu’il vient toujours disputer et animer, il méritait la consécration que lui vaut son succès d’hier. Son nom ne déparera pas le palmarès du « Derby ».

La deuxième place revint à un autre Marseillais, Rinaldi, qui se l’attribua dans la course par éliminations sur piste qui départagea les huit coureurs arrivés ensemble après le vainqueur. Lui aussi fournit une belle course et fut de toutes les bagarres jusqu’au moment de l’envolée de Guiramand.

Le Goff, qui prenait la troisième place, pouvait prétendre à mieux. Ce fut le grand malchanceux de la course. En tête à Bargemon, avec Barale, il réussissait à décramponner celui-ci dans la côte de Seillans, au sommet de laquelle il passait seul en tête avec 200 mètres d’avance sur Barale et trois minutes sur le peloton. Il navigua tout seul pendant de nombreux kilomètres mais, à la Colle Noire, une crevaison l’arrêta. Il fut dépassé par le peloton alors qu’il avait déjà perdu près de deux minutes pour réparer, courageusement, il continua et rejoignit le peloton son classement est donc bien mérité. Il a pu démontrer que les meilleurs doivent compter avec lui.

A signaler encore la malchance de Buttafocchi qui creva à Callas alors qu’il menait la course avec Le Goff et Barale, et dut produire un long effort pour rejoindre ; la bonne course de rentrée de l’énergique Amenc et tant d’autres faits qui rendirent cette course attrayante au possible.
Ajoutons que sur les 83 partants de Marseille 56 ont fini cette longue et dure épreuve.

Et nous ne terminerons pas sans féliciter, pour le magnifique succès obtenu par la course d’hier les dévoués et actifs dirigeants de l’A.VA.N. : MM. Stéphanuccio, président ; Cablain, directeur sportif, qui fut l’âme de l’organisation ; Glorio, Laïolo, Bourg, Bellone, Muratore, Vérola, Mussino, Bonifassi etc. … auxquels nous devons joindre les dévoués de l’U.V.F. : MM. Marius Gola, président du Comité ; Girard président de l’A.V.A. Marseille, qui tint à suivre la course ; Toesca, représentant M. Debernardi, directeur de la Société Anonyme Francaise « Martini et Rossi », les sociétés des localités traversées, nos correspondants, les services de Gendarmerie et de Police, qui tous contribuèrent à ce succès.

Extrait de L’Éclaireur de Nice et du Sud-Est du 30 septembre 1929

LA RÉUNION D’ATTENTE AU VÉLODROME PASTEUR

Tandis que, sur la route, la lutte entre as et régionaux se poursuivra ardente et sévère, au Vélodrome se déroulera une très intéressante réunion que ne désavoueraient pas les meilleures pistes

Chose rare, l’Association Vélocipédique des Amateurs Niçois a réussi à offrir aux sportifs niçois, une suite d’épreuves des plus variées capables de satisfaire les plus difficiles.

L’arrivée d’un Marseille-Nice, plus brillant que jamais, aurait suffi à attirer, comme chaque année au Vélodrome Pasteur, la foule des grands jours car c’est un spectacle peu banal que de voir lutter en un sprint décisif, une pléiade d’as, tous capables de vaincre

Et pourtant, cette arrivée de Marseille-Nice ne sera pas l’unique « clou » de la réunion car nous ne pouvons pas ne pas reconnaître que le match interrégional et l’américaine intervilles seront intéressants au plus haut point.

Extrait de Le Petit Niçois du 29 septembre 1929